Mnémosyne Un livre de François Boutonnet (128 pages - parution mai 2013 - 22 €) Editions Disvoir (Paris) www.disvoir.com Pour acheter le livre, cliquer ici Voir aussi Urbi et Orbi, un film de François Boutonnet autour des Arts de la Mémoire Mnémosyne
préside depuis la nuit des temps aux fragiles émulations entre mémoire
et création, connaissance et poésie, sciences et arts. C’est sous son
signe que les Arts de la Mémoire ont initié, il y a déjà vingt-sept
siècles, dans la Grèce de l’Antiquité, un chemin vers un art global, en
associant pour la première fois, lieux et mémoire, espace et temps,
représentation et mouvement, image et pensée. C’est sous son signe que
se sont déployées dans le temps les diverses modélisations des
connaissances. C’est sous son signe que se place l’idée même d’une
pensée visuelle, d’une pensée en images. C’est en référence à Mnémosyne
qu’au début du XXe siècle, Aby Warburg poursuit ses ultimes recherches
d’une sorte de théâtre de la mémoire, faisant ainsi revenir au premier
plan les inventions plusieurs fois millénaires des antiques Arts de la
Mémoire. Dans
l’Antiquité, durant cette longue période où il n’existait aucune
possibilité de stocker de la pensée et de reproduire mécaniquement des
écrits, la transmission des connaissances fut essentiellement orale. La
seule forme de mémorisation était d’apprendre des textes par cœur ; et
cette mémorisation s'opérait par l’intermédiaire d’un dispositif
associant la pensée à des lieux (loci) et des images (imagines). Pour
les mémoriser, idées et textes étaient reliés aux étapes d’un
parcours mental en un lieu minutieusement mémorisé au préalable. La
liaison pensée-lieu était scellée par l’implantation de l’image mentale
d’une scène frappante dans ce lieu, telles des statues dans un palais.
Le rappel des éléments de pensée ainsi stockés s’obtenait par une
déambulation ordonnée dans le Palais de Mémoire. Ce que les Arts de la
Mémoire nous révèlent du lien entre pensée, lieux et images, c’est la
fonction privilégiée de cette déambulation dans un paysage imaginaire.
Le parcours est découpé en séquences qui se succèdent dans un ordre
précis. A l’ordre précis dans lequel sont visités les lieux, s’ajoute
l’association ordonnée des images et des lieux. Chaque séquence sucite
l’invention de courtes scènes animées, dont les images seront projetées
mentalement dans les lieux étapes du parcours, à chaque nouvelle
déambulation. Les Arts de la Mémoire préfigurent l’arrivée des images
en mouvement. Les
Arts de la Mémoire ont réussi à faire entrer le monde dans la tête, en
ouvrant et développant deux orientations indissociables qui nourrissent
aujourd’hui les Arts Contemporains. L’une privilégie la combinaison et
l’ordonnancement de signes non représentatifs, lettres ou chiffres,
l’autre l’image comme étant le meilleur adjuvant mnémonique. D’un côté
la matrice (des tableaux de corrélations, des arborescences, le montage
structuré de données), de l’autre le théâtre (des lieux habités
d’images et de pensée, la scénarisation, l’interactivité). L’art
combinatoire et l’art figuratif. Ces deux occurrences de la pensée et
de la représentation naissent au Moyen Age et à la Renaissance. Elles
se croisent une première fois à l’âge baroque, avant de préfigurer
l’arrivée des images en mouvement et l’émergence des arts numériques.
Les lieux (loci) individualisés et intimes des antiques Palais de
Mémoire deviennent collectifs et poreux. Les images (imagines) uniques
et secrètes qui nourrissaient ces arts, deviennent multiples et
publiques. A l’image fixe façonnée par un regardant mobile, vient se
substituer l’image mobile reçue par un regardant fixe. Les couplages
dialectiques lieux-images deviennent intelligence collective, séquences
filmées ou sites interactifs. Les nouvelles technologies permettent de
passer de constructions d’un nombre fini de possibilités, à des
dispositifs aux combinaisons infinies. Ces dispositifs renouvellent la
notion de labyrinthe, comme déambulation riche de sens entre des
énigmes symboliques. La déambulation elle-même passe d’un parcours
balisé à des parcours connectés. La réalité augmentée de ces nouveaux
paysages virtuels, et les liens qui peuvent s’y tisser, sont
aujourd’hui au centre du questionnement artistique et du développement
des savoirs. François Boutonnet François
Boutonnet est né en 1951 à Perpignan. Il est réalisateur de films,
docteur en cinéma, diplomé de l’Université de Toulouse Le Mirail. En
1983 il fonde l’Association Cinémaginaire, réseau de cinéma de
proximité dans les Pyrénées Orientales, qui tisse autour de l'image en
mouvement, un véritable projet culturel à travers des actions de
diffusion, de formation, de création et d'éducation. En 1999 il fonde
l’Espace Culture Multimédia Cinémaginaire, lieu de diffusion et de
création dédié à la culture numérique, labellisé par le Ministère de la
Culture. En 2006 il fonde la coopérative de production cinéma Kalimago
Films. Depuis une dizaine d’années, il développe une recherche avec
l’Université de Toulouse Le Mirail (Ecole Supérieure Audio Visuel -
ESAV) autour des rapports qu’entretiennent les Arts de la Mémoire et
les Images en Mouvement. Dans le cadre de cette recherche, il réalise
en 2008 le film-essai Urbi et Orbi. En 2010 il réalise un documentaire
sur l’exil des républicains espagnols Il nous faut regarder, et en 2012
le film Dans la peau de l’ours, sur les fêtes carnavalesques de Prats
de Mollo dans les Pyrénées Orientales. |
A l'occasion de la sortie du livre
de François Boutonnet Mnémosyne (éditions Disvoir - Paris 2013) l'Espace Culture Multimédia Cinémaginaire propose LABYRINTHE MNEMOSYNE séquence pour les publics des Une
approche des Arts de la Mémoire, ce voyage aux confins du langage et de
l’image, se prête mal à une restitution exclusivement écrite, en
contradiction avec le sens même de cette démarche. C’est donc dans deux
modalités indissociables que se mène cette expérience, ce
voyage aux confins du langage et de l’image, par l’incessant
passage de l’un à l’autre. Le livre Mnémosyne
expose le fil rouge qui relie les antiques Arts de la Mémoire aux
créations audiovisuelles contemporaines, du cinéma aux arts numériques.
Il reprend une partie de la thèse de doctorat présentée par François
Boutonnet à l'Université de Toulouse (ESAV) en 2010. Le film Urbi et Orbi,
réinvente une déambulation dans l'un des rares Palais de Mémoire
conservé depuis la Renaissance : le jardin de Bomarzo en Toscane.
Chaque station du jardin de Bomarzo ouvre sur une évocation
particulière d'un voyage en Amérique du Sud. Cet itinéraire mène
d’un site à l’autre
par des passages aléatoires et commence à cartographier le pays
imaginaire qui s’étend au dedans de nous, comme le plan du trésor dans
les histoires de pirates. MNEMOSYNE Cinémaginaire fournit toute la logistique technique de cette séquence tél : 06 75 76 16 60 mail : contact@kalimago.com |
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